L’ascension en montagne, métaphore de la psychothérapie ?
Cette photo m’a vraiment inspirée pour illustrer mon site internet. Des hommes et des femmes qui cheminent dans la neige les uns derrière les autres. Chacun, chacune, focalisé sur ses propres pas, le sac à dos, plus ou moins volumineux, souvent bien trop lourd, alors que les professionnels de la montagne conseillent de porter un sac le plus léger possible, parce que le poids est l’ennemi de l’alpiniste…
Selon moi, la psychothérapie, c’est comme une ascension vers un sommet, vers notre moi intérieur en réalité, vers plus de pensées claires, de lumière sur notre vie. Cela demande effort, courage, persévérance, mais c’est vivre une expérience personnelle intense et bienfaisante. Plus le sac à dos (de nos souffrances) s’allège, plus nous avançons, plus nous nous sentons vivre et profitons des bienfaits de l’ascension.
C’est donc un cheminement intime et personnel, douloureux parfois, fatiguant souvent, qui nous ramène à nos instincts basiques, nos émotions, nos pulsions et qui nous fait aller puiser dans nos ressources profondes, comme une invitation à nous dépasser et nous sentir de mieux en mieux, plus nous atteignons le sommet de la montagne.
Ce chemin est cependant difficile sans le soutien et le regard inconditionnel d’un autre que soi, le thérapeute qui sert de béquille, de miroir. Dans la relation thérapeutique, nous cheminons ensemble, comme en cordée, l’image est intéressante, reliés l’un à l’autre, avec une distance nécessaire pour le bon déroulement et la sécurité de l’ascension. L’image serait plus exacte si nous étions l’un à côté de l’autre, plutôt que l’un derrière l’autre, puisque le thérapeute avance à côté de la personne selon son rythme. Cette distance nécessaire, c’est parce que sans celle-ci, l’accompagnement ne serait pas possible, nous ne sommes pas amis, nous sommes engagés dans une relation de confiance, qui a vocation à se terminer. Certaines personnes se demandent souvent comment est-il possible de confier toute sa vie, jusqu’à ses pensées les plus profondes et les plus sombres, à une autre personne dont elle ne sait rien ou presque, qui n’est pas intime comme pourrait l’être son ou sa meilleur ami(e). Parce que lorsque la personne qui veut cheminer rencontre le bon thérapeute pour elle, alors cela fonctionne, et surtout l’un et l’autre sont heureux quand la thérapie prend fin ! Parce que cela veut dire que l’ascension ensemble s’est bien terminée.
Comme lors d’une ascension, nous partons souvent tout feu tout flamme, vite, nous voulons qu’elle se fasse le plus rapidement possible, nous voulons arriver en haut de la montagne pour profiter du panorama, nous dépensons toutes nos forces et petit à petit, nous nous fatiguons, nous nous essoufflons, et risquons vraiment d’avoir moins de motivation. En psychothérapie, souvent, les personnes veulent aller vite, avoir du résultat, se sentir mieux en peu de séances… nous ne proposons ni de la magie, ni du rêve, nous accompagnons nos "ascensionnistes" pour la plus intense et extraordinaire conquête d’eux-mêmes. Et cette conquête prend du temps.
Comme l’affirmait Robert Louis Stevenson, écrivain écossais et grand voyageur, "l’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même". C’est ce voyage thérapeutique qui nous fait grandir et évoluer, arriver là où nous n’avions pas forcément prévu d’arriver !