Psychothérapie, mode d'emploi, effets secondaires ?
Moi, aller voir un psy ? Mais je ne suis pas fou ou folle ! Cela vous parle ? Combien de fois cette idée reçue a pu être prononcée, pensant que la psychothérapie ne serait destinée qu’aux gens souffrant de maladies psychiatriques graves. Souvent aussi, on attend d’être en burn-out, plongé dans un état de mal-être intense pour commencer à se dire que l’on devrait peut-être aller voir quelqu’un mais avec une certaine honte. Et si cette démarche était plutôt vue comme un cadeau que l’on se ferait (oui vous avez bien lu !). Non comme quelque chose de négatif ou d’égocentré du genre "c’est mal de se regarder le nombril", mais plutôt comme une aventure courageuse avec soi-même pour se découvrir plus en profondeur et cheminer vers plus de liberté intérieure…
Qu’est-ce qu’une psychothérapie ?
En quelques mots, il s’agit d’un traitement de la souffrance psychique qui repose sur des moyens psychologiques fondés sur la parole au cours d'entretiens réguliers. C’est une discipline basée sur l’écoute bienveillante, sans jugement pour créer une relation de confiance qui va permettre à la personne de parler librement tout en se sentant sécurisée. Néanmoins, ce qui parle du psychique peut faire peur. Un homme me confiait au cours de sa thérapie son inquiétude de tomber sur quelque chose de moche chez lui. Une autre personne a arrêté très brusquement, prise d’angoisse de constater momentanément qu’elle allait encore plus mal qu’avant d’avoir commencé. Il y a aussi les personnes qui découvrent que leur mal-être n’a pas disparu en trois séances et qui doutent du travail thérapeutique. Il y a aussi des personnes qui se rendent compte que cela vient toucher en elles beaucoup plus de choses que "prévu" mais qu’elles ne sont finalement pas encore prêtes à "plonger". J’ai donné une définition à la psychothérapie à partir d’une analogie, l’ascension en montagne : "La psychothérapie, c'est comme une ascension vers un sommet, vers plus de pensées claires, de lumière sur notre vie, cela demande effort, courage, persévérance, mais c'est vivre une expérience personnelle intense où l'on va puiser dans nos ressources pour se dépasser, se libérer."
Dans les profondeurs de notre psychisme…
Il y a en réalité plusieurs couches dans notre psychisme, et plus nous travaillons sur nous-mêmes, plus nous descendons en profondeur. Et dans la profondeur, il y a beaucoup d'émotions refoulées, parce que c’était sans doute la solution la plus sécurisante de les ravaler, de nos blessures ou traumatismes d’enfance qui sont parfois chassés hors de conscience pour éviter de trop souffrir, il y a également notre part d’ombre. Jung, psychiatre suisse, décrivait l’ombre comme "quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais" ; "Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension". Il faut d’abord croire que l’on a une vie intérieure qui ne nous est pas connue, et ensuite accepter notre part d’ombre qui est la projection de nos défauts sur les autres, puisque nos défauts ne sont pas faciles à accepter en nous-mêmes ; ainsi ils nous font réagir par rapport aux autres, en tant que reflet de ce qui nous dérange chez nous. Il faut donc lutter contre nos résistances à aller voir de plus près ce qui est refoulé et que nous n’assumons pas ou qui nous fait peur.
Effets secondaires de la psychothérapie ?
Nous avons donc consenti à démarrer ce travail et c’est déjà un grand pas ! Une fois le bon thérapeute trouvé (cela veut dire que nous pouvons et devons changer si nous ne nous sentons pas en toute confiance avec celui ou celle qui nous accompagne), nous pouvons commencer. Parfois, ce peut être un coup dur, un événement difficile à dépasser, parfois c’est pour tenter de guérir des blessures qui nous empêchent d’avancer sereinement, un malaise inexpliqué, des symptômes physiques chroniques, parfois l’envie d’une meilleure connaissance de soi… qui nous amènent à consulter. Évidemment, plonger dans nos profondeurs n’est pas facile, peut être douloureux, et demande une bonne dose de courage parce que l’on s’efforce de ramener à la surface ce qui nous a fait souffrir, ce que l’on ne voulait pas revivre, ce qui est trop lourd. Cependant, ne pas soigner une blessure correctement, c’est le risque qu’elle s’infecte davantage et devienne encore plus grave ou douloureuse. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous n’irons jamais trop loin dans le travail thérapeutique, nous ne découvrirons jamais une autre personnalité que ce que nous sommes vraiment, l’inconscient est notre gardien psychique, c’est lui qui donne accès à certaines informations refoulées quand c’est le bon moment. On parle d’insight, en tant qu’intuition soudaine ou prise de conscience, qui peut arriver de manière fulgurante, après un beau travail d’introspection, comme un éclairage étonnant sur ce que l’on ne percevait pas clairement jusque-là. C’est juste que c’était le bon moment, et cela ne peut que nous apporter soulagement, envie d’aller encore plus loin. Il n’y a aucun effet secondaire si ce n’est une libération progressive, la compréhension de pourquoi et comment on en est là. Le travail thérapeutique peut également se faire même lorsque nous ne souffrons pas vraiment d’un mal-être ou d’une souffrance, mais dans le but de se connaître mieux, de s’améliorer, de chercher une liberté encore plus importante dans notre vie, que ce soit concernant nos choix, nos comportements, nos relations…
"La connaissance de soi est une naissance à sa propre lumière, à son propre soleil. L'homme qui se connaît est un homme vivant." Marie-Madeleine Davy