Il est peut-être moins facile spontanément pour un homme d’entamer une psychothérapie, ou d’aller consulter quelqu’un dans une période difficile, pour bénéficier d'un soutien, d'une écoute neutre et bienveillante. Qu’est-ce qui peut l’amener à avoir une certaine réticence à demander de l’aide quand il ne peut pas gérer seul ses problèmes ou souffrances ? Que peut-il attendre d’une telle démarche ?
Face à la difficulté ou au stress, l’homme a tendance à s’isoler
Sans entrer dans des clichés de genre, on constate une différence de traitement des problèmes selon que nous soyons un homme ou une femme. John Gray, dans son best-seller Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, affirme que l’homme s’enferme dans sa caverne pour résoudre ses problèmes seul, la femme parle de ses émotions et de ses problèmes. Cette caverne, paraissant mystérieuse et inquiétante pour la femme, est un lieu où personne n’est le bienvenu, l’homme garde ainsi le contrôle de lui-même. Vous me direz que vous connaissez des hommes qui se livrent très facilement et aiment parler d’eux et que certaines femmes se renferment plutôt quand elles sont en souffrance. Globalement, nous pouvons rester sur cette idée que la femme plus naturellement va vouloir parler et réfléchir longuement quand elle se sent mal, l’homme, lui, va naturellement plus se refermer pour tenter de traiter son problème tout seul.
Pourquoi faire le pas d’une thérapie est souvent plus difficile à l'homme ?
De fait, les cabinets de psys sont plus fréquentés par les femmes (70%). L’être humain est constitué d’une part féminine et d’une part masculine. L’homme par essence est masculin, sa masculinité est dans sa partie consciente. Sa féminité, en revanche est dans son intériorité, dans son inconscient. En faisant un travail sur lui, il va laisser exprimer sa féminité. Et cet aspect-là peut lui faire peur, le déstabiliser, lui donner une image d’homme faible et sensible, et le rebuter, même s’il souffre intérieurement et qu’il ne parvient pas à dépasser ses problématiques seul. Confier ses sentiments c’est aussi montrer sa vulnérabilité. Or, si l’on fait référence à de nombreux stéréotypes, l’homme en principe ne doit pas montrer ses sentiments, ne pleure pas ou en tous cas ne le montre pas, ne s’épanche pas, doit être fort, résistant…
Les bénéfices pour l'homme qui vient en thérapie
En travaillant sur lui, l’homme s’ouvre, développe ses capacités à ressentir et exprimer ses émotions, ses sentiments. De cette expression, découle alors ses qualités féminines qui vont l’aider à mieux communiquer, exprimer ses ressentis, entrer à l’intérieur de lui sans en avoir peur, mieux se connaître, être plus facilement dans le lien, équilibrer avec sa virilité qui parfois peut le couper de son intériorité. Ainsi il pourra, sans se sentir "trop féminin", exprimer tendresse, sensibilité, écoute, de manière plus naturelle et enrichissante pour lui et pour son entourage. Il va pouvoir développer davantage son intuition. Sa sensibilité est une force.
Les problématiques que j’accompagne avec les hommes qui consultent concernent surtout la relation de couple, la séparation, des difficultés de communication, la sexualité, un rapport compliqué à la mère ou au père, une crise du milieu de vie, un mal-être inexplicable, des addictions, des questions liées à la paternité, un haut potentiel qui ne se comprend pas et se sent trop différent...
Ce qu’il est intéressant de rappeler c’est que ce n’est pas l’adulte que l’on "soigne" en thérapie, mais notre enfant intérieur. Et cela fait toute la différence de perception, pour un homme qui pense devoir ou pouvoir s’en sortir seul, par fierté peut-être, par honte, par peur, par respect des injonctions familiales ou sociales… La thérapie, comme le dit le Dr. Moussa Nabati, c’est "se reconnecter avec son Moi profond, son intériorité, pour retrouver l’enfant égaré. Le thérapeute ne vise jamais l’adulte mais sa part infantile, inachevée, l’enfant prisonnier, source du désarroi en même temps que porteur d’un message concernant le devenir du sujet et sa délivrance".
Et puis il y a aussi des hommes qui, à la place, écrivent des livres, composent, peignent, sculptent, créent... pour tenter de se délivrer et se soigner par eux-mêmes. Mais c’est aussi un moyen d’accoucher ce qui peuple leur intériorité.
Sources : Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus – John Gray / Guérir son enfant intérieur - Moussa Nabati