Avoir trop d’attentes vis-à-vis des autres peut être néfaste pour notre vie
C’est un sujet que nous abordons souvent en thérapie, celui de nos attentes vis-à-vis de notre partenaire, nos enfants, nos parents, nos amis, notre employeur… Elles sont naturelles et chacun a des attentes vis-à-vis d’autrui. Mais parfois elles sont démesurées et ne peuvent être comblées. Alors les sentiments en réaction peuvent être de la déception, de la frustration, de la colère, de la tristesse… Elles nous renvoient au constat de ne pas nous sentir vraiment aimés, puisque pas suffisamment pris en compte ou reconnus. Comment mieux supporter ces attentes non comblées et vivre avec ce qui s’offre à nous, sans trop s’attacher à ce qui ne vient pas comme nous l’aimerions ?
Nos attentes dès l’enfance
Enfant, nous imaginons que toutes nos attentes seront assouvies, nous sommes dans une sorte de toute-puissance infantile, et la vie se charge de nous apprendre progressivement à supporter la frustration, parce que nos parents ne nous sont pas totalement dévoués, parce que tel(le) ami(e) n’est pas autant présent dans la relation que ce que nous espérions, parce que face à nos désirs, nous sommes souvent confrontés au "non", au "plus tard", "au jamais". Cette frustration, nécessaire pour notre construction, n’est pas si facile à surmonter. Adulte, nous nous rendons compte que nous avons parfois des comportements émotionnels assez enfantins, face à l’insatisfaction, aux attentes déçues : l’autre ne me montre pas assez d’amour à mon goût et je le lui reproche jusqu’à tout remettre en question, je n’arrive pas à obtenir de mon enfant ce que je désire de lui et cela me met en colère, je renonce à cette relation amicale parce que je croyais compter beaucoup plus et que l’autre ne semble pas au rendez-vous, j’attends indéfiniment la reconnaissance de mon père ou de ma mère et je désespère de ne pas l’obtenir…
L’autre ne peut jamais combler toutes nos attentes
Ce sont parfois des attentes qui prennent naissance dans notre puits sans fond, c’est-à-dire que nous demandons à l’autre de nous remplir, de nous donner ce qui nous a manqué dans notre enfance, de nous réparer. Or, ce sont des demandes impossibles. Parce que quoiqu’il nous donne, ce ne sera jamais assez. Des attentes comme test plus ou moins conscient vis-à-vis de l’autre : preuve que nous nous sentons aimés ou importants si elles sont comblées. Preuve que nous ne nous sentons pas aimés, voire rejetés, si elles ne sont pas comblées. Ces attentes peuvent nous miner si nous ne sentons pas en face une réponse adaptée à nos besoins. Elles peuvent réveiller des émotions ou sentiments de colère, d’injustice, de désespoir, de rejet, de frustration… Pourquoi attendre de l’autre bien souvent ce qu’il ne peut pas nous donner ? Pour envisager cette réflexion, il est intéressant de se tourner vers notre enfance, nos manques, ce que nous attendions et que nous n’avons jamais reçu. C’est probablement ce que nous transférons sur l’autre aujourd’hui. Prendre conscience que nous attendons de l’autre quelque chose qu’il ne peut pas combler, parce qu’il n’est pas concerné, est déjà un grand pas dans notre cheminement personnel.
Je ne peux combler toutes les attentes de l’autre
Maintenant, inversons les rôles. Si l’autre me demande toujours plus, me harcèle de preuves d’amour ou d’amitié, semble toujours insatisfait de ce que je peux lui donner, me met sous pression permanente… comment vais-je réagir ? Les attentes de l’autre, qui sont normales dans toute relation (amoureuse, amicale, familiale…), si elles sont illimitées, finissent par me décourager, me faire fuir, m’exaspérer, m’étouffer. N’exigeons pas de l’autre ce que nous ne voudrions pas qu’il exige de nous. Il est important de discerner ce que je peux et veux donner à l’autre gratuitement et qui me rend heureux(se), de ce que je ne peux pas donner ou de ce que je suis contraint(e) de donner et qui n’est pas bon pour moi ni pour l’autre d’ailleurs (car son puits sans fond alimenté une fois aura encore besoin d’être alimenté ensuite…). Ne pas entrer dans ce mode relationnel permet à l’autre, s’il accepte d’y réfléchir et de se remettre en question, de grandir et d’améliorer la qualité de ses relations.
Comment trouver de l’apaisement face aux attentes non comblées ?
Ces attentes sont-elles raisonnables, justes ? N’est-ce pas une habitude d’insatisfaction permanente ou un sentiment d'insécurité affective problématique ? Qu’est-ce que cela dit de moi ? Pourquoi j’attends tout cela de l’autre ? Face à un refus, une frustration, un espoir déçu, il est important de rentrer en soi et de réfléchir au pourquoi. Nous avons des attentes notamment parce que nous avons besoin d’être rassurés : rassurés sur notre valeur, obtenir des preuves d’amour, d’amitié, de reconnaissance, savoir que l’autre est bien là pour nous et à la hauteur de nos espérances (manière de le contrôler pour s’assurer son affection, sa présence indéfectible, sa sincérité…). Prendre un temps de recul et analyser comment je réagis face à cet obstacle qui s’interpose entre l’autre et moi. Si mon attente n’est pas comblée, est-ce que je peux la surmonter, y renoncer, lâcher ce qui ne se présente pas ou ce qui me déçoit ? Est-ce que je peux essayer de me détacher en partie de ces attentes qui me rendent malheureux(se) ? Un des chemins possibles est d’essayer une attitude de lâcher prise (dont je parle dans un autre article). L’autre est pour soi une école de la vie : par son éventuel refus ou son côté insatisfaisant, il nous permet de grandir. Accueillir ce qui s’offre déjà et s’en réjouir, plutôt que d’attendre souvent trop, voire l’impossible. Un vrai combat personnel, pour aller chercher plus de liberté intérieure…