La fausse couche, une souffrance dont il faut prendre soin
Quel nom inapproprié... Pourquoi fausse ? Comme si le début de grossesse n’était pas vrai, comme si la femme n’avait pas été enceinte… pourtant la fausse couche est bien la perte naturelle du fœtus. Même si elle est parfois très précoce, si l’on n’en parle pas facilement ou que l’entourage du couple minimise l’événement ou ses conséquences, la fausse couche est potentiellement traumatique par son caractère soudain et inattendu. Elle peut générer un traumatisme physique et psychique plus ou moins important dont il est nécessaire de parler. Il serait bénéfique que chaque couple, chaque père et mère en devenir puissent être écoutés, que cette perte douloureuse soit prise en compte, pour pouvoir être dépassée par un travail de deuil.
Les impacts de la fausse couche pour la famille
Si elles sont parfois très précoces, elles laissent de toute façon des traces psychiques chez la femme et parfois au sein de la famille. Et plus la grossesse est investie affectivement, plus l’impact sera important. Il ne faut pas oublier non plus les conséquences de la perte de l’enfant à naître sur celui qui espérait ou craignait d’être père, mais aussi sur les autres enfants et le couple qui ne vit pas forcément le deuil de la même façon ni au même tempo. Les fausses couches mériteraient d’être reconnues socialement, ce sont de vrais événements fréquents qui doivent pouvoir être racontés si besoin, il faut qu’un rituel éventuel puisse être mis en place pour que chacun puisse faire son deuil et continuer d’avancer.
La transparence psychique pendant la grossesse
Cet état apparaît lors des grands changements de vie (naissance, adolescence, grossesse, milieu de vie...). La femme enceinte vit une transparence psychique, c’est-à-dire qu’elle a peu de barrières internes et que l’inconscient est à fleur de peau, accessible facilement. La grossesse réveille beaucoup de choses et peut être responsable d’une fragilité psychique importante. Donc la fausse couche peut entraîner un traumatisme qui s’enracine profondément. Elle peut réveiller des blessures anciennes, des deuils oubliés, des traumatismes de l’enfance.
La femme et la mère potentielle
La fausse couche interrompt "le psychisme maternel en élaboration". Et comme par transmission généalogique, de mères en filles, on peut être amenées à croire que devenir femme passe par devenir mère, alors la femme qui vit une ou plusieurs fausses couches peut souffrir par rapport à son identité de femme. Si elle la ou les vit comme un échec personnel, elle se sentira coupable et incapable de devenir mère à son tour et dans l’impossibilité de rejoindre le clan des femmes de la famille.
La fausse couche, une histoire d’amour
Mais comme en parle très justement le Docteur Clerget, "la vie de ce fœtus a existé. Il s’agit d’une histoire d’amour fulgurante entre deux êtres qui se sont connus intimement, sans jamais se voir ni se parler". Ce témoignage magnifique et cette notion d’histoire d’amour fulgurante sont extrêmement importants à garder en mémoire pour toutes les femmes et les couples concernés par une fausse couche, pour bien réaliser la vie qui a été en soi et maintenant cette perte d’un enfant à naître et l’histoire qui avait été imaginée dont il faut faire le deuil, pour soi, pour sa famille et aussi pour les autres enfants à venir...
Source : Quel âge aurait-il aujourd'hui ? - Dr. Stéphane Clerget