Le thème de l’enfant intérieur en psychologie est beaucoup évoqué. Qui est-il ? Se figurer son enfant intérieur et s’en occuper, ce n’est pas si évident. Surtout quand il s’agit de le contacter en visualisation, de le rendre plus concret à notre mental, de le rassurer, lui donner la parole… Pour certains, cette notion peut même paraître un peu inquiétante, Suis-je dissocié(e) ? Si un autre Moi est présent en moi, qui plus est un enfant, et qu’il est aux commandes la plupart du temps, est-ce que je risque de devenir incontrôlable, de ne plus me reconnaître ? Comment me connecter avec l’enfant que j’ai été il y a bien des années ?
L’importance de guérir son enfant intérieur
Le psychanalyste et Dr. en psychologie Moussa Nabati, dans son livre "Guérir son enfant intérieur", soutient l’idée que nous avons deux Moi, un adulte et un enfantin. Et c’est l’enfant intérieur qui guide les pas de l’adulte. Positivement, quand l’enfance a été heureuse et sécurisée, mais jusqu’à devenir persécuteur avec le Moi adulte quand il a été en situation d’échec, de souffrances… C’est-à-dire qu’il contamine le comportement de l’adulte tant qu’il n’est pas pris en compte et apprivoisé. Il va par exemple se laisser dominer par la colère, être excessivement poli, manipuler, bouder… Il est fondamental pour le Dr. Nabati de rechercher son enfant intérieur, l’écouter et faire la paix avec lui pour guérir.
Nous sommes comme des poupées russes
Cette collection de matriochkas peut éclairer symboliquement la notion d’enfant intérieur. Chaque poupée imbriquée dans l’autre représente notre enfant à des stades importants de sa construction, de son évolution. Depuis la gestation (représentée par la minuscule poupée), en passant par le bébé de la naissance à 3 ans (qui exprime et cherche à être comblé dans ses besoins vitaux), puis l’enfant qui s’exprime (plus ou moins autorisé d’ailleurs) avec toutes ses émotions et ses pulsions, suivi par l’âge de raison et le "faire plaisir" (vous savez, notre juge intérieur implacable : je peux, je ne peux pas, je dois, je n’ai pas le droit, c’est mal…), souvent bien trop sage et qui peine à rester lui-même… Vient ensuite la poupée représentant l’adolescent(e) qui a pu ou non faire sa crise (essentielle dans le remaniement des acquis et la construction de l’adulte en devenir et elle n’est pas forcément explosive !) et enfin la grande matriochka qui représente l’adulte que nous sommes.
Nous croyons que nous sommes aux commandes de notre vie, agissant et prenant nos décisions de manière volontaire, réfléchie… Mais c’est sans compter toutes nos poupées intérieures ! Quand on les range l’une dans l’autre, visuellement nous ne voyons plus que la grande. Si on la secoue, les autres se font entendre de l’intérieur. Adulte, c’est la même chose, nous dépendons aussi de ce que notre enfant intérieur, aux différents stades de son développement psychique, n’a pas pu exprimer, ses besoins, ses manques, ses souffrances, ses colères, ses désespoirs… Ce qui n’a pas pu être écouté et accueilli, tout ce qui a manqué selon le ressenti de l’enfant va rejaillir sur l’adulte.
Visualiser et parler à son enfant intérieur
Aurore me disait que l’explication de l’enfant intérieur par la manipulation concrète des poupées russes en thérapie lui avait permis de visualiser les blocages de certaines étapes et de les travailler. "Face à certaines situations, je voyais bien que je ressentais des émotions (comme la colère ou la déception) de manière disproportionnée par rapport aux évènements. Parfois aussi j’avais l’impression d’être bloquée dans mes choix de vie. J’ai compris de là où venaient les problèmes. Depuis, j’ai acheté une poupée russe qui représente le travail accompli et me permets, régulièrement, d’accueillir le ressenti de mon enfant intérieur tout en reprenant le contrôle. Car je n’oublie pas, en visualisant mes 5 poupées, que c’est bien la grande matriochka qui peut combler les manques ou calmer les trop pleins des "petits" et décider de sa vie !"
John Bradshaw était écrivain et conférencier américain, l’un de ses principaux thèmes était la guérison de l’enfant intérieur. Il a recommandé des messages positifs à se répéter par le biais de la méditation pour atteindre les couches profondes et viscérales de nos blessures. S’adresser à notre nourrisson en lui exprimant par exemple : "Tu es le bienvenu en ce monde, je t’attendais ; je suis si heureux que tu sois un garçon (ou une fille)…" Au petit enfant en soi : "Nous avons tous deux le droit d’être furieux et nous allons régler nos problèmes ; je ne te quitterai pas quoiqu’il arrive…". A l’enfant d’âge scolaire : "Tu peux faire les choses à ta façon et tu as le droit de ne pas être d’accord ; tu peux choisir tes propres amis…"
Ces poupées russes sont un objet symbolique pour rendre plus concret le concept d’enfant intérieur qui ne nous quitte pas mais avec qui nous pouvons communiquer et que nous devons écouter pour que les souffrances et manques soient entendus, et que l’adulte puisse trouver son équilibre et que l’enfant apaisé en lui puisse offrir tout son potentiel de créativité et de spontanéité.
Sources : Guérir son enfant intérieur - Moussa Nabati / Retrouver l'enfant en soi - John Bradshaw