PSYCHOPRATICIENNE - Psychothérapie individuelle pour adultes & adolescents
Membre adhérente du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie relationnelle et psychanalyse

Elle aurait aimé avoir un père pour qui elle soit la prunelle de ses yeux


Relation entre père et fille

Beaucoup de femmes ressentent ce manque douloureux de n’avoir jamais senti assez de tendresse ou d’admiration pour elles chez leurs pères, et cette quête d’amour impossible peut les accompagner longtemps et avoir des répercussions dans leurs relations et leurs comportements.

Dans l'enfance, la fille recherche le père

La petite fille se détache de l’objet d’amour maternel pour "conquérir" son père affectivement, son regard, son amour, tout ce qui lui permettra de partir dans la vie bien "armée", d’avoir confiance en elle, en sa féminité, d’aller conquérir le monde, de remplir sa vie et de devenir autonome affectivement, de pouvoir investir une relation amoureuse saine et non dépendante.

Si réellement il y a eu un déficit d’amour paternel ou si elle le ressent comme tel, cela complique son rapport aux hommes, sa confiance en eux, et malheureusement, elle ne sait pas comment se laisser aimer par un homme gentil, rempli de bonnes intentions mais qui, à ses yeux, paraît ennuyeux. L’amour pour elle ne peut être qu’une lutte, qu’une conquête, pour arriver enfin à se faire aimer d’une personne semblable au parent qui n’a pas répondu à ses attentes. Une réparation symbolique en quelque sorte. Une victoire stimulante dans cette conquête est nécessaire pour se sentir vivre, la souffrance pour elle fait partie de la composante du sentiment amoureux. A l’origine, en voyant son père distant, elle pense inconsciemment que cette distance est un des signes de l’amour qu’un bon père porte à sa petite fille. Elle aura donc tendance à être attirée irrésistiblement par des hommes qui la repousseront.

Une vie amoureuse affectée chez la femme

Quelques exemples de répercussions : ne pas savoir arrêter une relation qui ne l'épanouit pas ; tomber sur des hommes indisponibles ; enchaîner les relations sans arriver à s’épanouir, chercher "le prince charmant" de ses rêves, qui pourrait réparer le mal ressenti à cause de la défaillance du père ; n’être que dans le désir de l’homme et non dans son propre désir aussi, par exemple : "Est-ce qu’il a envie de me revoir ? Au lieu de : est-ce que j’ai envie de le revoir ? ".  Une fois la relation terminée, vouloir récupérer l’autre à tout prix jusqu’à tomber dans une profonde dépendance qui la rend malheureuse et honteuse. Ressentir un vide existentiel ; avoir l’impression de n’être jamais satisfaite ; ne pas se sentir libre d’être soi dans une relation, pour plaire à l’autre et ne pas prendre le risque d’être abandonnée si elle ne correspond pas à l’idéal de son partenaire ; tout miser sur le premier qui s’intéresse à elle ; se dire finalement : pourquoi faire confiance aussi alors que cela peut s’arrêter ?La relation "à tout prix"... même non ajustée, non épanouissante, douloureuse, frustrante, elle peut-être un rempart à un fond de tristesse permanent qui disparaît miraculeusement pendant la relation amoureuse.

Une femme qui consultait me disait rechercher depuis son adolescence des relations pour aller bien. Elle souffrait d’un manque d’attention réel de son père pour elle, s’accrochant à toute source masculine qui pourrait combler son vide, son manque. Elle avait envie qu’on s’occupe d’elle, comme un enfant qui a besoin que l’on s’occupe de lui. Elle n’avait pas été désirée, elle était devenue une adolescente rebelle, qui ruait dans les brancards, draguait sans s’arrêter, qui eut très tôt des relations avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elle, comme un appel désespéré à se sentir aimée. Elle recherchait des amants démonstratifs et tactiles, tout ce que ses parents n’étaient pas avec elle. Elle vit donc avec une angoisse d’abandon et cela conditionne ses relations, et en particulier son rapport aux hommes. Alors voilà, c’est elle qui a affirmé "j’aurais aimé avoir un père pour qui je sois la prunelle de ses yeux".

Le deuil du père idéal

Le cheminement pour en sortir c’est petit à petit, faire le deuil de cet amour paternel recherché sans fin, renoncer à le trouver, réfléchir lorsque nous sommes dans une relation à ce que l'autre représente pour nous, si inconsciemment nous ne le chargeons pas d’une mission impossible, celle de remplacer le père idéalisé et manquant. Tenter de se décentrer de la problématique : si notre père ne nous a pas donné assez, ce n’est pas que nous ne sommes pas assez digne d’être aimée, c’est peut-être que lui n’a pas pu donner l’amour qu’il n’avait pas reçu, qu’il a un problème en général avec la paternité, avec les femmes, avec la famille, qu’il ne s’autorise pas à être tendre et affectueux avec sa fille…

Le passage du stade immature de la petite fille en manque d’amour au stade adulte de "la femme accomplie et autonome" qui ressent peut-être cette carence mais qui peut vivre avec sans s’effondrer de l’intérieur et avancer dans la vie, c’est peut-être çà une des clés pour en sortir. Il y a aussi un beau travail profond pour savoir se laisser aimer simplement sans tout faire pour être sûre de le mériter. Et ce n’est pas rien…

 

Sources : Ces femmes qui aiment trop – R. Norwood / Guérir des maux de la vie – MC. Gavard


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